Prenant appui sur un imaginaire rural en désuétude, mon travail plastique naît lentement en gauillant*. Il se construit selon le hasard des rencontres, au fil d’associations libres ou d’évidences irrationnelles. Oscillant entre une brutalité sensible et une naïveté effrontée, mes pièces entretiennent un dialogue de la matière qui les constitue avec leur forme dans une tension entre l’usage et l’allusion. J’emprunte des techniques sans distinction de valeur, j’apprends sur le tas et m’applique à questionner comment nous vivons en déformant physiquement des constructions mentales.
gauillant* = en s’amusant dans l’eau ou dans la boue ou, en s’enfonçant dans un sol détrempé
↓ Textes
→ article publié chez this is colossal en 2022
→ article publié chez My Modern Met en 2022
Développant son travail dans des situations ou sur des supports toujours nouveaux, les œuvres d’Estelle Chrétien offrent souvent une sorte de va et vient visuel entre la forme et son support pour nous décrire un peu mieux de quoi elles sont faites, où les endroits où elles s’installent. De ses « objets existentiels », se dégagent aussi beaucoup d’humour.
Alexis Debeuf, artiste
→ Entretien avec Doriane Spiteri, publié sur le site du point contemporain en avril 2020.
Estelle Chrétien est une artiste qui aime se lancer des défis. Pour chaque nouvelle production, elle s'approprie une technique qui l'oblige à passer par une phase d'apprentissage. Cette dernière fait alors partie intégrante de sa pratique. En effet, elle considère la transmission des savoir-faire comme un mode de communication entre les générations et les classes sociales, un moyen de préserver une mémoire culturelle collective. Bon nombre de ses pièces sont tournées vers le monde rural, sur lequel elle pose un regard poétique et plein de douceur. C'est le cas de son installation Ficelle agricole bleue, un ouvrage en crochet qui vient recouvrir et sublimer une botte de paille. D'une grande élégance, l'œuvre est le fruit d'un travail long et fastidieux. Estelle Chrétien utilise une ficelle épaisse, semi-plastifiée, rêche et difficile à manipuler. Le geste de l'artiste se transforme en labeur, exécuté de manière disciplinée et répétitive pendant plus d'un mois. Empreinte d'une douce absurdité, sa pièce confronte des occupations antinomiques selon l'imaginaire collectif, interrogeant les limites entre travail et loisir, plaisir et labeur, tâches considérées comme masculines ou féminines, geste manuel et exécution mécanique, entre art et artisanat.
Isabelle Henrion, commissaire de l'exposition Il faut imaginer Sisyphe heureux, 2015
Article écrit par Andrew Salomone pour The Creators Project, oct. 2016.
→ Earthwork Artist Makes Whimsical Installations by Learning as She Goes
→ Presse flamande à propos du Parcours de Hingene, juillet 2020.
→ Magazine du Kasteel d'Ursel p 8-9, juillet 2020.
Le travail d’Estelle Chrétien s’appuie sur ses rencontres avec des situations, des événements qui vont déclencher une envie de faire, une envie de dépasser le cadre du quotidien pour en offrir une relecture.
Estelle Chrétien est imprégnée par la ruralité où le rapport au monde s’inscrit dans la réalité tangible et sensible de la nature, une nature omniprésente dans les compositions de l’artiste, qui guide sa pratique et participe de sa vision du monde.
Affichage libre procède ainsi d’une envie immédiate et organique, née de sa rencontre avec la ville de Berlin, d’un constat sur les usages de la capitale allemande où la nature surgit, parfois de manière inattendue et sauvage, en parallèle des mœurs policées de la ville que réfute une pratique urbaine plus subreptice se traduisant notamment dans un affichage sauvage qui en recouvre les murs. Affichage libre se développe à la suite du projet Affiches réalisé in situ à Berlin, mais centralisée aujourd’hui en un panneau du même nom. C’est donc de ce rapport entre le cadre et le hors cadre dont il s’agit ici.
La relation de la ville à la nature peut être violente, dans la volonté urbaine de dompter la place qu’elle doit lui faire à une époque où les préoccupations écologiques sont de plus en plus prégnantes au sein de la population. En prélevant des éléments de cette végétation urbaine et en l’arborant dans un espace dédié à la communication libre, elle en questionne la place au sein de notre cadre de vie. En s’emparant de son éphémérité, elle interroge le rythme de nos vies dont l’accélération ressentie nous empêche de prendre le temps. C’est ainsi à un temps suspendu que nous convie Estelle Chrétien avec cette action urbaine.
Affiches et Affichage libre sont issus du séjour d’Estelle Chrétien à Berlin dans le cadre de la résidence Ouest / Ost, projet initié par le Goethe Institut, le Centre français de Berlin et la Fondation d’Entente Franco-Allemande à l’automne 2018.
Vincent Verlé, curator openspace à propos de l'intervention du samedi 16 novembre à 15h, place Paul Painlevé à Nancy.
↓ Liens
Plus vite, Ergastule, Le Potager Moderne, Goethe Institut, Modulab, l'envers des pentes, Le Collectif des Possibles, L'Atelier Blanc, Aveyron Culture, Artothèque de Strasbourg